Vous en trouverez plusieurs sur le Cartographe Noir. La lettre de marque était en effet un document incontournable pour tout corsaire.
Une lettre de marque donnait, en temps de guerre, autorisation à un navire d’attaquer et de piller les navires d’une nation ennemie en dehors des eaux territoriales. Elle distinguait ainsi les corsaires des pirates, qui attaquaient sans distinction les navires et menaient donc une vie beaucoup plus risquée.
Lettre de marque : quel intérêt pour les deux parties ?
La lettre de marque permettait à un armateur ou à un capitaine de pratiquer la course au large et d’attaquer des bateaux ennemis pour leur voler leur cargaison : c’était une activité profitable. Mais extrêmement dangereuse si pratiquée en dehors de tout cadre légal…
Pour l’État qui délivrait l’autorisation, le profit était multiple :
- Militaire d’une part. il permettait de disposer d’espèces de mercenaires qui attaquaient les navires étrangers sans qu’il y ait besoin de se salir les mains ou de déranger sa flotte – et de la payer du coup. Cela permettait aussi de ne pas faire d’opérations de guerre officielles. C’est pas moi, c’est un corsaire Monseigneur. Et puis c’est beaucoup moins de frais de personnel. Un genre d’Uber avant l’heure. Bref. On s’égare.
- Financier, d’autre part. Vous pensez bien qu’on ne donnait pas le sauf-conduit sans contrepartie. Un corsaire devait reverser une partie de ses prises aux autorités.
- Politique, dans une moindre mesure. En lançant des centaines de corsaires ruiner le commerce d’une nation ennemie et semer la panique dans les populations, on avait un argument de poids pour signer des traités ou renégocier des parts de marché. C’est beau le capitalisme.
La lettre de marque corsaire pouvait aussi être demandée par certains armateurs pour avoir le droit de protéger leurs navires avec de beaux canons et des gens en armes et de mettre un peu de beurre dans les épinards si un navire bien achalandé leur tombait sous le canon. C’est toujours ça de pris. Et c’est presque net d’impôt, bordel.
Qui donnait l’autorisation ?
Le sauf-conduit des corsaires (comme Robert Surcouf et beaucoup de Malouins) était délivré par l’autorité royale, en général, puis par le Directoire après la Révolution. Ça ne veut pas dire que le roi signait toutes les lettres : on trouve des lettres de marque signées par des amiraux, des comtes, des ducs ou une quelconque haute autorité navale compétente. Les lettres que l’on trouve souvent en exemple sur internet sont celles délivrées par Louis-Alexandre de Bourbon, fils naturel de Louis XIV. Certaines sont exceptionnelles, il est vrai. Je les reproduirai un jour si j’ai le temps.
Cela obligeait aussi à faire de la paperasse. Quand il rentrait au port, le capitaine corsaire devait faire un rapport, lister les prises de guerre et faire les comptes.
Lettre de marque et carte sortie de prison
La lettre de course est un sauf–conduit à double titre : un navire corsaire capturé par une nation ennemie avait le statut de prisonnier de guerre et tout l’équipage n’était pas pendu subito.
Les lettres de marques sont abolies officiellement au milieu du XIXe siècle. Même si on peut considérer que certaines sociétés privées et d’États peu regardant en font usage aujourd’hui sous une autre forme. Par exemple, via Wagner. Non, pas le compositeur, ne soyez pas bêtes.
Une lettre de marque pour un corsaire d’aujourd’hui
Voici une reproduction légèrement fantaisiste (le blason avec les tentacules n’est pas là pour faire sérieux, voyons) d’une lettre de marque.